« La jeunesse est en marche. » C’était en 2001, le slogan de sa première campagne municipale. C’était l’époque où, pour battre l’inamovible maire gaulliste Robert Poujade, François Rebsamen faisait la tournée des maisons de retraite, avec sur ses tracts la rose au poing. Devenu maire de la métropole bourguignonne, il est resté socialiste mais ne met plus les pieds dans un Ehpad avant les élections. En revanche, ses affiches électorales le campent en maire de la « ville pour tous ». En clair : pour toutes les générations. Et pour cause, Dijon compte désormais presque autant de seniors que d’étudiants.
« Avec cette devise, j’ai réintégré les personnes âgées dans mon message », explique l’édile dans son vaste bureau, à l’hôtel de ville, les yeux levés vers la Toison d’or qui orne la cheminée. Mais sans les cibler ni les citer dans ses tracts ou ses discours. C’est toute la subtilité. « Ce n’était pas gagné », soupire M. Rebsamen.
« Longtemps la gauche a dit : “Les vieux votent à droite.” Et la droite a dit : “Les vieux votent à droite.” Donc personne ne s’est occupé d’eux », résume Serge Guérin, sociologue auteur du livre Les Quincados (Calmann-Levy, 2019). Dijon est devenu l’épicentre d’une petite révolution presque par hasard.
Ancien membre du cabinet de François Rebsamen, Pierre-Olivier Lefebvre a créé en 2012 le Réseau francophone des villes amies des aînés (RFVAA). L’association incite à mettre en pratique le programme, arrêté en 2007, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour « l’adaptation des villes au vieillissement ». Affilié à l’OMS, le RFVAA a réussi à enrôler quelque 140 villes françaises. La plus grande est Paris, la plus petite Meaulnes-Vitray (Allier), 900 habitants. De toute obédience partisane. Elles forment un vivier de près de 12 millions d’habitants.
Seconde jeunesse
RFVAA offre une méthode aux maires pour enrôler les seniors dans les politiques de transports, d’habitat, de culture… Les retraités « attendent de leur ville de trouver une place et pas seulement que les élus s’occupent d’eux », expose M. Lefebvre, délégué général de RFVAA.
« Le clientélisme à la papa, c’est fini, renchérit M. Rebsamen. Le temps est révolu où les élus infantilisaient les personnes âgées en leur offrant des boîtes de chocolats avec l’espoir qu’ils voteraient pour eux. »
Le 20 février, une troupe de fringants Dijonnais entre 62 et 74 ans semble avoir retrouvé une seconde jeunesse. Ils forment le noyau dur de « l’observatoire de l’âge », structure municipale qui compte 45 seniors tirés au sort ou choisis dans les comités de quartier. Ils se sont donné rendez-vous à la maison des seniors et passent en revue ce qu’ils ont obtenu de la part de la mairie.
Il vous reste 58.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.