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Bien vieillir (prendre soin de soi)

Nous ne voulons pas vieillir seuls ! Livre de Véronique Châtel

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 27/07/2020

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Des pistes contre le rejet du vieillissement et l’ultra-moderne solitude

Véronique Châtel est une journaliste, écrivaine, militante de la cause de l'âge depuis plus de vingt ans. Nous l'avons rencontrée dans les années 90 avec l'association La Flamboyance qui bousculait le monde de la culture face aux défis de l'avancée en âge. Elle est intervenue dans notre colloque annuel Agevillage/Humanitude pour son magnifique ouvrage qui valorise les professionnels de l'aide et de soin de terrain : Je vous trouve si belles. Et nous l'avons retrouvée lors du lancement de la revue Aider. Elle pose ici son regard acéré sur les enjeux du vieillissement du point de vue des premiers concernés, de leurs proches aidants et des professionnels qui les accompagnent. On peut vivre vieux en restant en liens, estime l'auteur. Explications.


Vieux invisibles, repoussants, sous cloche


La plume est vive quand Véronique Châtel interroge les plus âgés eux-mêmes sur le vécu de leur vieillissement. Les fragilités, les maladies peuvent venir handicaper leur quotidien au point de peser autant sur eux que sur leur proches. Les regards se font lourds quand ils ne disparaissent pas complètement.

Comme si un voile d'invisibilité s'abattait petit à petit sur leur vie. " Je ne vous dégoute pas ?" s'étonne une vieille dame quand un bénévole lui rend visite et lui claque une bise. Vaincus, fatalistes, repliés, honteux d'être des poids morts pour la société, voire grondés quand on les juge imprudents.... les plus âgés payent le prix de cette invisibilité, de ces déconsidérations, de l'âgisme (discrimination liée à l'âge). L'auteure rappelle que les plus de 65 ans pèsent 28 % dans les suicidés en France. Un message terrible pour les jeunes générations et "un gâchis humain" insiste-t-elle.

Commettre des attentats relationnels


"Encore un instant" supplie l'incroyable Claude Sarraute, surprise d'avoir atteint son âge avancé mais prête à en gouter tous les instants, sans tabou, en osant raconter son vécu.

Et si les plus vieux commettaient des "attentats relationnels" dans les rues ? provoque Véronique Châtel. Ils obligeraient les passants, les médias, les générations à les regarder !

D'autant que comme "on sait que le temps nous est compté, on trouve plus vite le chemin de l'autre", explique Marie-Françoise Fuchs, octogénéraire de l'association Old Up (page 18). S'inventer un chemin, trouver un sens, accepter l'absence de sens... difficile d'y parvenir seul.

Compter sur et pour quelqu'un


C'est tout l'art de prendre soin (care en anglais) que de signifier à la personne fragilisée qu'elle mérite qu'on s'occupe d'elle (page 48). Tout un art d'aider à se sentir un homme, même dans les pires situations. "Y être pour quelqu'un" souligne l'auteur. Sans tomber dans l'excès de la "honte parce que t'as pas d'amis"!

Pistes territoriales


Tout se joue sur le terrain, sur les territoires estime Véronique Châtel. Elle cite le label Villes Amies des Ainés qui structure les bases d'une politique ajustée, ouverte, intergnérationnelle, impliquant les citoyens (conseils des aînés, des sages), porteuse de sens et d'emplois.

"Le vieillissement mobilise des investissements sociaux utiles" souligne le sociologue Michel Billé (page 53). L'auteure interroge les technologies : elles peuvent être des ressources pour booster les liens ou être froides et déshumanisées comme ces robots de fin de vie (page 64).

Elle invite tout à chacun à s'emparer de son vieillissement et partage des pistes pour se projeter : dans quel logement, quel habitat (isolé, collectif ?), avec qui (colocations des Babayagas au Boboyakas), autour de quels projets, quelles envies ? Pas seuls en tout cas !

Nous ne voulons pas vieillir seuls !
Véronique Châtel
Editions Eres - Collection "l'Age et la vie" dirigé par Michel Billé, Christian Gallopin et José Polard
160 pages - 12 euros

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